Déclaration du premier ministre : "trop peu, trop tard, trop flou".

Le Premier Ministre a donc parlé à l'Assemblée Nationale ce mardi 28 avril 2020. On nous avait annoncé des réponses ; on a ce soir toujours plus de questions.

 

Alors que l'exécutif a multiplié les messages contradictoires depuis le début de la crise sanitaire, laissant trop souvent les maires seuls au front, le plan de déconfinement devait enfin être l'occasion de remettre en cohérence l'action toutes les autorités publiques. C'est raté. 

Tout le succès du plan annoncé par le chef du gouvernement reposera en effet sur les collectivités locales, identifiées à juste titre comme capable de mettre en œuvre des "adaptations territoriales". Les élus locaux, au premier rang desquels les maires, ont fait largement la preuve depuis 6 semaines de leur aptitude à assurer la continuité du service public et répondre aux besoins essentiels de leur population. Ils sont le visage humain des institutions républicaines à l'heure où le virus atteint aussi la confiance dans la parole publique. Sans arrière-pensée, ils ont toujours mis au service de l'Etat leur savoir-faire indispensable à la sortie de crise. 

 

Pourtant aujourd'hui, ils ont une nouvelle fois été traités comme des sous-traitants par le Premier ministre. Aucune des conditions essentielles à la l'installation d'un véritable partenariat entre État et communes n'a été satisfaite.

 

Absence de cahier des charges national et précis : les maires peuvent tout faire, à condition de disposer d'un cadre clair. À entendre le Premier ministre, c'est à chacun d'entre eux d'inventer les mesures les plus pertinentes pour leur population. Ce n’est ni plus ni moins qu'un transfert du risque sanitaire et juridique vers les communes.

 

Flou intégral sur les moyens : les communes et leurs intercommunalités doivent donc assumer le poids des dépenses liées à la gestion de crise, sans garantie aucune sur la soutenabilité d'une telle charge. Face aux montants en jeu et face surtout à l'incroyable diversité de richesse de nos territoires, se profile inexorablement le spectre d'un creusement irrémédiable des inégalités. Quand nous avons plus que jamais besoin d'unité, les choix du gouvernement menacent l'équilibre du pacte républicain.

 

Néanmoins les maires, qui mettent au-dessus de toute autre considération l'honneur au mandat que leur ont confié les citoyens, continueront de se tenir aux côtés des habitants, parents d'élèves, malades, salariés, entrepreneurs, soignants, personnes âgées... Le gouvernement doit vite corriger ses erreurs pour que l'Etat joue enfin son rôle.

 

André LAIGNEL

Maire d’Issoudun

Premier vice-président délégué de l’Association des Maires de France