La liberté de conscience n'est pas négociable

                          Monsieur le Préfet,     

 

                           Vous avez souhaité installer une conférence départementale dite « de la laïcité et de la liberté religieuse » le 6 Décembre prochain. Cette réunion fait suite à la publication d’un « code de la laïcité et de la liberté religieuse » initié par Monsieur le Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités locales et de l’Immigration.

                           Je me permets de vous rappeler que seul le Parlement peut se livrer à un exercice de codification. Le document évoqué est, à mon sens, un recueil et non un code. L’initiative, dont vous avez la charge, pose d'autre part, sur le fond un grave problème. Le vocable « liberté religieuse » ne renvoit à aucun concept ; il n’existe pas en droit français. Il a toujours été rejeté par les républicains lui préférant, notamment dans la loi de 1905, celui de « liberté de conscience » qui est plus universel parce qu’il reconnaît la liberté de croire –ce que vous appelez la liberté religieuse- et la liberté de ne pas croire, d’être athée ou agnostique, ce qui concerne la majorité de nos concitoyens d’après de récentes enquêtes.

                           La conquête de la « liberté de conscience » est l’une de nos libertés individuelles. Les républicains ont à conjuguer cette « liberté de conscience » et le « libre exercice des cultes » dans le respect de l’ordre public. Dans cette histoire commune de la République, le concept avancé de « liberté religieuse » n’a jamais eu droit de cité.

                          Pour être précis d'un point de vue historiographique, et au risque de vous déplaire, il y a eu par le passé, deux tentatives de reconnaissance de cette liberté religieuse : d’abord celle menée par le Maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy, puis celle opérée par les sectes contemporaines dont l’église de scientologie.

                           Je vous demande, solennellement, au nom de l’association républicaine qui est la nôtre, de modifier l'intitulé de cette conférence et le remplacer par «conférence de la laïcité et la liberté de conscience ».

                           Dans la négative, nous serions nombreux à demander son boycott.

                           Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma haute considération.

 

 

                                                                                                                                                André LAIGNEL

                                                                                                                                                Maire d'Issoudun - Secrétaire général de l'AMF

Président de l'AMEP