Si vous pensez que tout va bien, je ne suis pas votre candidat !

Mes chers collègues,

 

Je veux tout d’abord saluer Jacques Pélissard et Gérard Tardy, ils  ne sont pas des adversaires dans cette aventure. Ce sont des partenaires.

Mes chers collègues, si vous pensez que tout va bien et que, si ça va mal, on n’y peut rien, disons-le clairement, je ne suis pas votre candidat.

Mais si vous ne supportez plus les injustices qui vous sont faites, l’absence de dialogue, l’abaissement de notre fonction ; si vous refusez d’être les boucs émissaires de la crise, la casse des services publics ; si vous refusez de voir nos libertés reculer ; mais aussi, si vous êtes fiers d’être maires et que vous voulez, simplement, les moyens de votre mission et le respect – oui, est-ce trop demander – le respect qui est dû à votre engagement,

Alors je suis votre candidat !

 

Ça peut faire beaucoup de monde, peut-être même une majorité !

Jamais la situation de nos communes n’a été si précaire, notre tâche si lourde, si complexe et nos moyens si réduits.

Aux légitimes exigences, nous devons faire face dans des conditions difficiles. Ces légitimes exigences sont parfois désespérées. Nous devons répondre aux aspirations de la jeunesse, aux ambitions de nos territoires, et ces moyens nous sont comptés.

Ce sont ces défis que je souhaite pouvoir avec vous, grâce à vous, , relever. Aujourd’hui, compte tenu de la gravité de la situation, l’AMF ne peut plus se contenter  d’être un amortisseur des mauvais coups qui nous sont portés.

Elle doit agir et réagir avec vigueur, elle doit être beaucoup plus active.

C’est ce que je vous propose !

Pour les trois années à venir, trois priorités :

Renforcer la commune. Retrouver des libertés. Rétablir la justice des territoires.

 

1° Renforcer la Commune, c’est

  • Veiller à ce que l’intercommunalité reste un outil au service des communes. En ce sens, l’AMF doit se mobiliser avec force pour soutenir la proposition de loi sénatoriale laissant du temps et surtout le dernier mot aux élus pour définir les schémas départementaux de coopération intercommunale. Le dernier mot doit rester aux élus.
  • Renforcer la Commune, c’est donner aux maires et présidents d’intercommunalité un statut rénové :
  • C’est aussi combattre les campagnes de dénigrement que nous subissons régulièrement, j’allais ajouter, d’où qu’elles viennent.

À l’évidence, notre passivité n’est pas à la hauteur des attaques que nous subissons.

En 2007, le Président de la République, à cette même tribune, sous vos applaudissements, disait, je le cite : « Je veux que l’on remercie ceux qui se dévouent, que l’on arrête de les dénigrer ».

Je n’en demande pas plus ; j’approuve, je signe !

Quel dommage que les actes n’aient pas suivi les paroles !

Au total, renforcer la commune c’est tout simplement réaffirmer le rôle irremplaçable des 550 000 élus locaux qui sont l’humus de notre démocratie.

Ils ne sont pas trop nombreux, contrairement à ce que j’entends si souvent, peut-être même ne sont-ils pas assez nombreux, puisqu’ils sont le cœur battant de notre République. Alors oui, défendre la commune, c’est défendre les élus locaux et leur donner les moyens de leur action.

 

2ème objectif : retrouver nos libertés !

Liberté d’action bien sûr.

Nous sommes assaillis par les normes, les règlements, les tutelles… autant d’entraves qui à l’évidence manifestent une défiance permanente à l’égard des élus.

Dois-je rappeler là aussi l’engagement pris par Mr SARKOZY, l’an passé à cette tribune : « Il n’y aura plus une seule norme ».

Que le chemin est long de la parole à l’acte !

Liberté d’action, liberté des moyens, à l’évidence !

L’asphyxie de nos finances, c’est le reflux de notre autonomie, c’est la tutelle la plus pernicieuse, ce sont nos libertés affaiblies.

Nous devons exiger une véritable réforme des finances locales qui redonne des marges réelles de liberté et qui assure la justice fiscale entre les citoyens mais aussi entre les territoires.

 

3ème objectif : Rétablir la justice des territoires

Cela passe, comme le dit l’Association des maires ruraux, par « un aménagement du territoire à la hauteur du défi démographique et économique auquel nous sommes confrontés ».

C’est aussi défendre et moderniser les services publics dont la situation s’est gravement détériorée :

L’école fragilisée : nous en avons eu des échos ce matin. Véritable saignée dans nos territoires, et là où elle disparaît, c’est l’âme de nos villages qui s’évapore : 14 000 postes seront supprimés l’an prochain, 80 000 postes depuis 2007 auront ainsi été supprimés . Nous en sommes arrivés à un seuil de l’insupportable.

C’est la sécurité affaiblie : un droit fondamental … tout le monde le revendique mais dans le même temps nous constatons des fermetures de commissariats ici, des fermetures de gendarmeries ailleurs : et 3 300 postes seront supprimés en 2012.

C’est la santé précarisée : des hôpitaux en difficulté ou menacés, je les évoquais tout à l’heure; des déserts médicaux qui s’étendent… Je crois mes chers collègues, que quand le droit à la santé est ainsi compromis, l’obligation d’installation des jeunes médecins, dont la collectivité a payé les études, oui, cette obligation doit être envisagée.

Sur tous ces sujets, mais aussi les transports, le logement… l’AMF doit être mobilisée pour que nos territoires – prioritairement en zone rurale et en quartiers défavorisés – bénéficient des services indispensables à la vie et à l’épanouissement de chacun.

 

Vous l’aurez compris, je vous propose de nous mobiliser pour redonner à nos communes et à leurs élus les moyens de répondre aux attentes.

L’unité est notre talisman dit-on et le pluralisme en st la condition ; je m’engage ici, bien entendu, à les renforcer, mais l’unité ne doit pas être un prétexte à l’inaction. Ce que nous voulons, c’est une unité combative.

Si la combativité n’est pas au rendez-vous dans cette période cruciale pour l’avenir de nos communes et de notre pays, nombre d’élus se poseront légitimement la question de notre utilité.

Cette élection à la présidence de l’AMF est une chance qui nous est offerte d’envoyer un signal fort à la hauteur de nos inquiétudes.

Par notre vote, refusons tout à la fois le scepticisme et son corollaire, l’immobilisme.

Nous pouvons et devons faire bouger les choses et, parce que nous sommes les Maires de France, nul ne pourra ignorer le message qui sortira de notre congrès et de cette élection.

C’est en votant pour ma candidature que vous ferez, me semble-t-il, le mieux entendre vos refus et vos espérances, que vous pourrez faire de cette élection un moment utile, pour tous et pour chacun.

 

Chers collègues, osez l’alternance !

Ce que je vous demande, ce n’est pas de voter pour ma personne, elle est de peu d’importance mais de manifester votre volonté, votre détermination à être écoutés, entendus et respectés.

Osez l’alternance, pour donner, grâce à votre vote, à l’AMF ce nouvel élan, et à nos territoires cette nouvelle chance qui sont la raison même de notre engagement commun, du vôtre comme du mien.

Liberté, justice, solidarité, mais aussi la laïcité si souvent malmenée ces derniers temps : portons avec fierté ces valeurs républicaines, qui sont par nature, à l’évidence, aussi celle de l’Association des maires de France.

C’est cette ambition forte, oui c’est une ambition, que je vous propose pour nos communes et donc pour notre pays.

Pour atteindre ces objectifs, il nous faut une AMF plus revendicative, plus forte, plus imaginative.

Cela peut inquiéter certains, je ne le crois pas, mais si c’était le cas, je leur citerai mon poète préféré, René Char, à nouveau : « ce qui vient au monde pour ne rien troubler, ne mérite ni égard, ni patience ».

J’espère mes chers collègues, mériter l’un et l’autre, mais surtout mériter votre confiance. Elle sera mon viatique pour présider l’Association des maires de France.

Alors, très simplement, ensemble, coura­geusement, osons le changement !

André LAIGNEL